Les deux jeunes filles avaient enfin réussis à s'échapper de la bibliothèque, avec leur bouquin empruntés en prime. Elles allaient devoir en prendre soin si elle ne voulait pas se faire tuer par le cerbère. Cela serait dommage de ne même pas atteindre les fêtes de fin de fin d'année! Quoiqu'il en soit, à présent qu'elles étaient dehors, Ginny poussa un soupire d'aise. De l'air! Enfin! Elle aimait sortir et marcher au grand air. Elles avaient également la garantie d'être tranquille puisqu'elles ne croisèrent aucun élève en cours de route. Vraiment, aller sur le terrain de Quiddich était vraiment une bonne idée! ( Normal, elle venait de Ginny ). Alors qu'elles marchaient en direction des arènes, ces ensembles colorés énormes qui semblaient toucher le ciel, Hermione la questionna à propos des garçons. Ginny haussa les épaules. Bonne question. A la fois dure et facile.

" Une chose est sur, déjà, ils ne sont pas en train de travailler. Ils font soit une partie d'échec, soit ils se goinfrent de bonbon... soit ils parlent de filles, mais ça, ça m'étonnerait! "

En effet, elle voyait mal son frère en train de discuter "coeur" avec Harry. Mais elle pouvait se tromper. Aprés tout, Ron était imprévisible. Quant à Harry... Elle n'en savait rien. Au fond, elle ne connaissait pas vraiment ses "habitudes" quant aux filles. Elle avait cessé de s'y interesser lorsqu'il avait commencé à sortir avec Cho Chang.

" Mais d'un côté, je suis contente qu'ils ne soient pas là! On va enfin pouvoir discuter tranquillement."

Car elles n'avaient pas d'autres occasions. Les seuls moments où elles se retrouvaient, c'était le soir, dans les dortoirs. Mais les autres filles étaient toujours présentes. Donc impossible d'aborder des sujets tabou. Elles arrivaient à présent dans les gradins. Aprés avoir monté quelques marches, elles allèrent s'asseoir. Ginny posa son sac à côté d'elle et prit une profonde bouffé d'air. Que c'était bien de se retrouver ici! Si elle le voulait, elle pouvait hurler n'importe quelle phrase débile. Seul son écho lui répondrait.

A présent qu'elles étaient installées tranquillement, elles allaient pouvoir se détendre, en profiter et rattraper le retard causé par les vacances et la rentrée. Par un chat dans les environs, rien qu'elles, le terrain et le soleil qui les honorait de sa présence. Ginny ferma les yeux et offrit son visage au soleil en souriant. Elle se laissa aller en arrière et s'adossa à moitié sur les sièges de derrière pour s'allonger à moitié. Là... C'était le calme et la tranquilité. Tout en garder les yeux clos, elle écouta Hermione qui était d'accord sur son opinion à parler de garçon. Elle avait tout de fois une voix assez amère lorsqu'elle évoqua ce qui fit fronçer les sourcils à Ginny et l'amusa en même temps. Depuis combien de temps était-elle témoin du baratin entre Ron et Hermione? Assez longtemps à présent. Sans qu'aucun ne soit assez intelligent pour réaliser leur sentiment respectif. A cette allure, ils allaient quitter Poudlard sans n'avoir rien oser faire! Cela était risible et en même temps un peu triste. Ginny esperait qu'ils ne passeraient pas à côté l'un de l'autre. Mais... Ron était tellement idiot! Ginny craignait depuis quelques jours qu'il ne se fasse "avoir" par cette Lavande Brown. Fille certes gentille mais... Bref! Là n'était pas la question! Ron n'était pas là, et pour une fois que c'était le cas, il fallait en profiter.

Les mains derrière la nuque, la jeune fille bronzait. ELle hochait la tête aux paroles de son amie, jusqu'à ce que cette dernière lui demande si elle avait quelques choses d'interessant à raconter, et si elle avait fait des rencontres. Là, la rouquine grimaca, désanchanté, et se permit d'ouvrir l'unique paupière droite pour répondre:

" Des rencontres, j'en ai faite... Mais elles ne sont pas particulièrement bonnes. "

Elle entendait par là bien sur sa rencontre avec Cecil, même si "rencontre" n'était pas le terme le mieux adapté. Déjà parce qu'ils se connaissaient plus ou moins depuis leur première année. Et de plus, la "rencontre" avait été plutot accidentelle, et Ginny n'en gardait pas bon souvenir. Rien que d'y penser, elle avait envie de mettre la main sur lui, de l'étriper, l'étrangler le... grrrr!

" Et toi? "

Demanda t-elle pour changer de sujet et surtout éviter de penser à ce blondinet de Gryffondor.Plus arrogant que lui, tu meurs. Il s'était vraiment trompé de maison. Et puis, ce n'était pas parce qu'il était mignon qu'il devait absoluement se la jouer supérieur avec tout le monde. Non mais vraiment! Par Merlin! Certains méritaient des baffes!

Malheureusement pour elle, Hermione ne mordit pas à l'apat et la questionna sur Cecil. Ou plutôt sur le " blondinet" avec qui elle avait eu une discussion mouvementé dans la salle commune. Elle aurait du s'en douter, cela n'avait pas échapper à Hermione. Cette dernière avait d'ailleurs eu l'intelligence de retenir Ron lorsqu'il avait voulu intervenir mais Ginny se doutait bien qu'elle se posait quelques questions. Il y avait de quoi c'était sur. Mais Ginny n'avait pas vraiment envie d'évoquer Cecil. C'était un sujet un peu tabou... D'autant qu'au fond, il n'y avait rien de particulier à dire, à part que c'était un idiot arrogant, et désagréable qui plus est! Rien que de penser à lui, elle sentait la colère resurgir en elle. Or elle était venue dans ce lieu pour se détendre et discuter tranquillement avec son amie. Elle soupira. Car elle savait qu'Hermione ne lacherait pas l'affaire quoiqu'il arrive, tant qu'elle ne lui aurait pas répondu. Sur ce point là, elles se ressemblaient un peu. La brunette était aussi tétue que la rouquine lorsqu'elle le voulait. Et si elle n'était pas Ron, Ginny se doutait qu'elle s'inquiétait un petit peu pour elle tout de même, comme une petite soeur. Cela lui faisait plaisir et en même temps la mettait dans une situation délicate. Elle se décida donc à répondre:

" Si, il s'agit bien du "blondinet" de l'autre jour... Mais il n'y a vraiment pas de quoi fouetter un chat! Cet homme est une ordure sans coeur! Et dès que je le vois, c'est une catastrophe. On manque de s'étriper à chaque fois! C'est... soulant..."

Elle avait finit par se redresser tout en parlant, ne pouvait décidement pas adopter une attitude sereine alors qu'elle était sur les nerfs à chaque fois qu'elle pensait au jeune homme. Pourtant, comme elle le disait si bien, il n'y avait vraiment pas de quoi fouetter un chat. Alors pourquoi était-elle si... sensible dès qu'il était dans les parages?! Allez savoir! Et Ginny avait bien peur d'en découvrir la raison. Mieux valait ne pas y penser. Elle le détestait, un point c'est tout. Penser à lui lui était désagréable, aussi mieux valait l'oublier. Elle s'accrocha comme à une bouée de secours à la réponse d'Hermione et espera qu'elle oublierait à présent Cecil pour parler d'autre chose. Hermione était préfète pour la deuxième année consécutive à présent. Et Ginny savait que de ce fait, elle avait de nombreuse responsabilité. Pour sa part, elle était bien heureuse de ne pas porter ce titre. Comment pourrait-elle être préfète alors qu'elle passait sa vie à les éviter comme la peste pour pouvoir faire tous ces coups en douce. Non... Elle était bien trop active pour faire ce genre de boulot! De plus, elle n'avait pas assez de patience pour s'occuper des premières années. Premières années qui semblaient chaque fois un peu plus perturbés et indisciplinés que les années précédentes. Pauvre Hermione...

" Je comprends... Tu devrais leur crier une bonne fois pour toute dessus, ça les calmerait peut-être... "

Dit-elle d'un air faussement innocent, tout en fixant l'horizon.

Hermione connaissait Ginny pratiquement comme sa poche. Elles s'étaient tout de suite appréciées, et étant amies, elles se connaissaient assez en tout cas pour savoir quand l'une d'entre elles était gênée, ou agacée. Aussi, Hermione vit bien la façon dont la rouquine avait réagi en entendant parler de ce blondinet. Si Hermione se rappelait bien, il devait se prénommer Cecil. Mais elle n'en était pas très sure, étant donné qu'il ne s'était quasiment pas adressé la parole depuis qu'ils étaient dans la même maison. En tout cas, ce blondinet, peu importe comment il s'appelait, semblait avoir un certain effet sur Ginny. Aussitôt Hermione avait abordé le sujet que la rouquine semblait s'enflammer. Que lui avait-il fait ? Ginny avait un caractère de feu oui, mais elle ne s'énervait normalement pas pour rien.

La jeune femme se redressa, laissant échapper un soupir, et confirma ce que pensait Hermione. C'était bien de ce garçon qu'elle parlait. Etrangement, Hermione vit dans son attitude pas seulement de l'agacement, mais aussi une certaine nervosité. Ginny semblait bien au bord de la crise de nerf. Ce qui la ramenait à cette question: qu'est-ce qu'il lui avait fait ? Tout ce qu'Hermione savait, c'était que la rouquine et le blondinet n'avaient pas les meilleurs relations du monde. Et vu comment Ginny le qualifiait ("une ordure sans coeur"), elle ne le portait décidement pas dans son coeur, ce qu'Hermione avait compris lorsqu'elle les avait vu "discuter" dans la salle commune.

Il était vrai qu'Hermione avait tout de suite aperçu le côté arrogant du jeune homme, et elle n'était pas tellement surprise de voir Ginny réagir ainsi. Mais comme le disait Ginny, il n'y avait pas de quoi fouetter un chat, alors pourquoi s'énervait-elle ainsi ? Hermione décida que la conversation devrait peut-être changer de sujet. Après tout, si Ginny était gênée à l'idée d'en parler, c'était son droit. Si elle décidait à un moment donné de donner plus d'informations à Hermione, tant mieux. Hermione était assez curieuse de nature, et elle esperait bien découvrir de quoi il s'agissait vraiment.

La conversation dériva sur les devoirs de préfètes d'Hermione, et Ginny sembla en être plutôt soulagée. Aussi, elle proposa une solution à la préfète des gryffondor pour calmer les premières années, solution qui ne fut pas totalement au goût de la brunette en question. Bien sûr, ces petites crapules l'agacaient, et elle était constament après eux. Mais elle n'était pas du genre à leur crier dessus pour se défouler, non. Ca elle le réservait à Ron de temps en temps. Et puis, ce n'était pas son rôle de préfète, rôle qu'elle assumait presque toute seule, vu que Ron refusait d'enguirlander les plus jeunes ormis lorsqu'il avait l'occasion de leur piquer leurs jouets.

"Ca marcherait peut-être, mais je préfère ne pas me laisser avoir. Si le crétin qui sert de préfet à notre maison y mettait un peu du sien, peut-être que tout se passerai un peu mieux, mais étant donné qu'il ne prend son rôle à coeur seulement lorsqu'il peut récupérer quelque chose...

Bien sûr, Hermione ne rejettait pas la faute entièrement sur Ron, mais elle était parfois agacée par son manque d'attention. Il faisait preuve de négligence pour tout: sa soeur, ses amis, son rôle de préfet, les cours... A croire qu'il se fichait de tout, ce qui n'était évidemment pas le cas.

La conversation dériva rapidement sur un autre sujet, celui des préfets, et Ginny se sentit un peu moins oppréssée. Non qu'elle aimait faire des cachoteries à Hermione. Aprés tout, c'était sa meilleure amie et confidante. Mais il y avait certaines choses dont elle ne voulait pas parler. D'autant que le sujet Cecil avait le don de la mettre hors d'elle. Elle ne voulait pas s'énerver pour rien, justement en présence de son amie. Si elle était venue ici, c'est pour être tranquille et discuter. Mais pas de sujet désagréable. Ginny avait l'impression de se faire tourner en bourrique depuis la première intercation qu'elle a eu avec son camarade de classe. Or, elle détestait cela. Lorsque les évenements n'étaient plus sous son contrôle, c'était signe de danger. Et elle évitait tout danger, surtout depuis sa première année à Poudlard ( ou elle avait gentiment prété main forte à vous savez-qui, pour rouvrir la chambre et pétrifier quatre ou cinq personnes). Depuis, elle se méfiait un peu de tout. Mais cela était compréhensif.

Rassurée donc de partir sur le sujet des préfets, les muscles de Ginny se détendirent et elle se laissa de nouveau aller contre les gradins de derrière, du rang précedent. Les paroles d'Hermione la firent sourire. Le crétin en question était son frère, malheureusement. Et elle le connaissait assez pour savoir qu'on ne pourrait le changer d'un claquement de doigt. Quoique... Elle trouvait que Ron avait déjà beaucoup évolué depuis qu'il connaissait Harry et Hermione. En bien. Il fallait bien qu'elle l'avoue. Mais, là aussi, ce n'était qu'une conséquence logique à tous les évenements tragiques et dangereux qui leur étaient survenus. A croire qu'on ne pouvait passer une journée à Poudlard sans être impliqué dans des histoires farfelues et dangereuses. Elle était étonnée qu'il n'y ait pas encore eu de morts... Se concentrant sur les mots d'Hermione, Ginny prit la relève, avec un accent amusé dans la voix. Inutile de se perdre dans de sombre pensée. Elle le faisait déjà durant tout le reste du temps. A présent qu'elle était avec son amie, autant s'amuser et parler de choses agréables et joyeuses.

" Le crétin qui sert de préfet est un homme. Et comme tout autre homme, il ne cherche que son interêt. Tu devrais le savoir depuis le temps! "

Les scènes de ménage entre Ron et Hermione étaient toujours des scènes auxquelles Ginny aimaient participer. On aurait dit un vieux couple qui radotait toujours aprés 35 ans de vie commune. Cela en valait le détour.

" Je me demande d'ailleurs pourquoi Dumbledore l'a choisis. J'aurai pensé qu'il nommerait Harry prefet, mais pas Ron! "

Dumbledore était toujours aussi imprévisible! Il agissait toujours de façon étonnante, dans des domaines où on s'y attendait le moins. Ginny savait qu'Harry avait été vexé que Ron et Hermione soient préfets et pas lui. Cela se voyait sur son visage dès que les deux amis partaient faire leur obligations.

" Le crétin qui sert de préfet est un homme. Et comme tout autre homme, il ne cherche que son interêt. Tu devrais le savoir depuis le temps! "
Hermione ne pu retenir un sourire devant la remarque tellement pleine de sens de son amie. Son frère était tout de même quelqu'un d'étrange. Elle le savait têtu, borné, et indifférent, mais elle avait été surprise de se rendre compte deux ans auparavant qu'il était aussi jaloux d'Harry. Hermione l'avait soutenu évidemment, mais elle n'avait pas compris. Harry était son meilleur ami non ? Et Hermione n'avait jamais eu de problème, ne s'était jamais dit : "Il n'y en a que pour lui de toute façon". C'était bien les hommes ça! Ce n'était qu'une question de fierté! Et Ron avait un orgeuil un peu démesuré parfois. Il suffisait de voir comment il se comportait dès qu'il était un peu sur le devant de la scène. Enfin... Elle le savait compliqué, et elle savait aussi qu'il ne changerait pas. Tout ce qu'elle espérait c'était qu'il n'était pa réellement du genre à se foutre de tout, comme il le montrait constament.

"Oui je devrais m'y faire! Mas bizarrement, ça m'énerve toujours autant qu'auparavant."

Quand à savoir pourquoi Dumbledore avait choisi ron au lieu de Harry, Hermione s'était posé la question pendant un moment. Elle avait d'abord cru que le Survivant avait obtenu le rang de préfet, mais elle s'était rendue compte juste après que c'était en fait Ron. Le rouquin avait été un brin gêné, tout comme elle, et pour une raison simple: aucun d'entre eux n'aurait pensé que ce ne serait pas Harry. Et pourtant Dumbledore ne l'avait pas choisis. Hermione s'était tout d'abord dit qu'il ne le pensait pas capable de gérer ce rôle là, mais elle s'était vite rendue compte que Ron n'était pas plus doué. Elle en était alors venue à la seule solution possible, et qui était tout à fait possible. Elle était même certaine que c'était pour cette raison et non pour une autre, que Dumbledore n'avait pas donné ce titre à Harry.

"Je pense qu'il pense qu'Harry a déjà assez de poids sur les épaules. Il a déjà beaucoup de réponsibilités, et pas des moindres. Je suis presque sure que c'est pour cette raison. Parce-que crois-moi ton frère a beau avoir été fier de son badge de préfet, il ne fait rien pour honorer son titre. Je ne suis pas certaine qu'Harry aurait fait mieux, mais Ron s'en fiche complètement, et je crois que Dumbledore le savait déjà à l'avance."

Hermione avait raison. Inutile de donner plus de soucis à Harry. Il avait assez de tracas sans cela. La charge de préfet sous-entendait des responsabilités, des devoirs, des sacrifices. Harry en avait décidement assez! Ginny savait que ces derniers temps, le jeune homme était encore plus tourmenté que d'habitude. Avec la mort de son parrain... Il perdait encore le seul membre de sa famille auquel il tenait. Il ne lui restait à présent que Dumbledore et ses amis. Aussi, ces derniers -et Ginny espérait en faire partis- faisaient tout leur possible pour le soutenir et l'aider lors de ces épreuves. Finalement, le directeur avait eu bien raison de ne pas le nommer préfet. Il était sage, comme toujours. Ginny hocha donc la tête aux paroles de son amie. elle resta quelques minutes silencieuses en repensant à tout ce qui leur était arrivé les années précedentes et qui avaient mis leur vie en danger. Pauvre Harry... Elle oublia pour un moment la discussion concernant son frère et sa tache des préfets. Les yeux perdus vers l'horizon, elle demanda au bout d'un moment:

" Tu crois qu'on arrivera à s'en sortir? Que tu-sais-qui disparaitra enfin? "

Question stupide que des milliers de sorciers devaient se poser en ce moment même... Et à laquelle il n'y avait pas de réponses possibles. Il fallait attendre. Et agir lorsque le moment sera venu. Mais quand savoir lorsqu'il arrivera? Cette situation précaire, d'attente, la mettait hors d'elle. Elle aurait mille fois préféré de chercher Voldemort elle même, et de le tuer de ses mains, quitte à mourrir avant d'y parvenir. Elle aurait au moins tenté quelques choses. Or, rester à Poudlard, continuer ses études comme si de rien n'était... Surtout lorsqu'on savait que certains Serpentard avaient des parents au service du seigneur des ténèbres...

Ginny ne pouvait à présent se détendre. Bien malgré elle, elle avait commencé à évoquer un sujet dont le but ultime était perdu d'avance. Une brise souleva ses longs cheveux roux, la faisant frisonner.

Hermione ne s'attendait pas vraiment à ce que Ginny aborde le sujet qui occupait son esprit constament depuis l'année précédente. Elle oublia immédiatement la conversation qu'elles avaient eu précédemment, et son regard s'assombrit alors qu'elle regardait son amie dans les yeux.
Cette question, c'était certain, devait être posée constament par des centaines de personnes. Et pourtant, Hermione avait l'impression qu'ils n'étaient pas tant que ça à se préoccuper réellement de Voldemort. Ce n'était pas par prétention qu'elle pensait ainsi, mais elle avait tellement l'impression que personne n'agissait! Que faisait le Ministère ? Ils n'en savaient rien. Ils ne savaient même pas ce que faisait en ce moment l'Ordre du Phénix. Elle n'aimait pas être dans cette situation, de même que Ginny, Harry ou Ron ne le supportaient pas. Attendre, faire comme si de rien était, alors qu'on avait combattu contre des Mangemorts l'année précédente, c'était impensable. Et penser que les parents de certains élèves présents dans cette école devaient être en ce moment auprès de Voldemort lui-même était particulièrement déroutant. Etaient-ils censés étudier normalement ? Ils ne le pouvaient pas! Ils savaient tous désormais qu'il était de retour, et pourtant malgré la peur qui étreignait tout le monde, la vie continuait.

"Je l'espère."fut la seule réponse qu'elle pu donner.

Oui, elle l'esperait. Elle l'esperait pour toutes les catégories de personne qui allaient être particulièrement touchées par Voldemort, notament les Moldus. Elle l'esperait pour tous les innocents qui allaient mourrir, mais aussi pour Harry. Cette histoire de prophétie ne la rassurait pas. Et si c'était bien vrai, alors elle esperait de tout son coeur qu'Harry vaindrait le mage noir et qu'il y survivrait.

"Je suis sure qu'on ressent tous la même chose, mais... je me sens particulièrement inutile ici."

La conversation devenait particulièrement pessimiste et bien sombre. Et Ginny n'aimait pas cela. Aprés, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle même, c'est à son initiative qu'elles avaient bifurqué dans cette direction. Or, si elles étaient sorties, et étaient venu sur le terrain de Quiddich, c'était pour se détendre, se parler certes, mais surtout s'amuser. Aussi garda t-elle le silence quelques secondes aprés les paroles d'Hermione. Tout comme elle, elle se sentait inutile. Peut-être même plus qu'elle! Car Hermione, mine de rien, participait souvent aux "aventures" qu'enduraient Harry. Or, hormis l'année dernière, Ginny n'avait été que spectatrice, voir même actrice du camp adverse. Mais elle préferait ne pas se souvenir de tel détails. Aussi, aprés avoir pris une profonde inspiration, elle se leva des gradins et alla s'appuyer contre la balustrade. Là, ces yeux parcoururent le terrain, longuement, et lentement. Elle finit par se retourner, reprenant un entrain pour le moment fictif mais qu'elle espérait réel, une fois la conversation dérivée!

" Et sinon toi? Tu me racontes quoi? Pas de nouvelles rencontres non plus? "

Car tout à l'heure, Hermione lui avait posé la question. Et quand Ginny lui avait retourné, elle avait préféré s'interesser à sa réponse évasive. Elle ajouta donc d'un air malicieux, le sourire aux lèvres:

" Pas de coup de foudre ou de chevalier servant à tes trousses? "

Il est vrai que depuis le Bal du Tournois des 3 Sorciers, les garçons de Poudlard semblaient s'interesser un peu plus à Hermione, voir beaucoup, ce qui était une bonne chose! Seulement, Ginny soupconnait Hermione de s'interesser trop aux cours, et pas assez aux relations humaines. Cela pourrait pourtant lui faire du bien, et en tout cas, pas de mal! Se détendre, par les temps qui courent, n'était pas impossible.

Ginny savait que c'était un sujet tabou. Surtout avec Hermione. Les autres filles de son âge étaient pourtant du genre à passer leur temps à parler de garçon, de les classer suivant leur beauté, de glousser en racontant des anecdotes avec eux. Mais ce n'était pas le cas d'Hermione. C'était une bonne chose d'une certaine manière. Ginny avait l'impression que ses autres camarades sortaient avec des garçons juste pour... dire qu'elles sortaient avec des garçons. Pas de véritables sentiments ou de véritable élan romantique. Personnellement, Ginny ne pouvait être avec quelqu'un sans éprouver un semblant d'amour. Mais que voulez-vous? Tout le monde n'était pas pareil! Et Hermione, elle n'était ni comme les autres filles ni comme Ginny... ou alors elle ne le montrait pas et jouait trés bien la comédie. Car les liens qui unissaient Ron et Hermione étaient vraiment ambigues, et cela depuis la première année. De plus, Ginny connaissait son frère. Elle le connaissait par coeur. Ron n'agissait pas de la même manière avec Hermione qu'avec les autres filles. Et ce n'était pas parce qu'il ne la considérait pas en tant que "femme"... C'était autre chose.

L'attitude d'Hermione était éloquente. A sa question, son expression changea, passa entre plusieurs expressions pour finalement adopter un masque d'apparente indifférente, un sourire plaqué sur ses lèvres. Mais Ginny n'était pas dupe. Elle pencha la tête de côté et observa en silence son amie. Bien entendu, elle ne s'attendait pas à ce que son amie s'épanche d'un coup d'un seul sur ses amourettes et sur ses secrets. Cependant... elles se connaissaient toutes deux depuis assez de temps désormais. Elle espérait qu'Hermione lui fasse assez confiance pour avouer certains éléments.

Aussi aprés avoir hésité un instant, elle dit:

" Tu sais... Tu peux m'en parler. Je n'irai rien dire à personne. Surtout pas à Ron et Harry. Cela restera entre filles... "

Bien entendu, s'il s'agissait de Ron, le sujet était délicat. D'autant que c'était son frère. Mais contrairement à lui, elle n'était pas du genre à surveiller les fréquentations des membres de sa famille! Surtout si c'était Hermione!

Hermione ne pouvait se résoudre à en parler à Ginny. Non. Elle n'était pas convaincue elle-même de ses réels sentiments. Elle qui était tellement sure de ceux des autres... Elle était experte pour deviner de qui était amoureuse telle ou telle personne. Mais lorsque ça la concernait, ce n'était plus la même histoire. Elle savait au fond d'elle la vérité, mais elle avait du mal à se l'avouer, et elle ne le ferait certainement que le jour où Ron le ferait lui-même, ce n'était donc pas prêt d'arriver.
En même temps, Ginny était sa meilleure amie. Elle savait qu'elle pouvait tout lui dire, en particulier ce genre de choses. Mais c'était aussi la soeur de Ron. Et même si elle n'y verrait aucunes objections, même si elle ne dirait jamais rien à son frère, Hermione ne pouvait pas lui parler de cela. Surtout que ca reviendrait à se l'avouer à elle-même, et c'était impossible.

Aussi, la jeune fille adopta une attitude décontractée, même si elle ne se sentait pas si à l'aise que ça. Etre obligée de mentir à son amie, sachant qu'elle le voyait très bien, était assez dérangeant. Mais jamais elle ne lui raconterait cela.

"Je sais. Mais je n'ai tout simplement rien à te dire. Si c'était le cas, je t'en parlerai."

Elle esquissa un sourire qui se voulait sincère et convainquant, mais elle était tellement consciente que Ginny verrait le mensonge, qu'elle ne parvint qu'à sourire faiblement.

Ginny se détourna et laissa ses yeux errer sur le terrain de Quiddich. Hermione ne voulait pas se confier. Et cela la vexait un peu de voir qu'elle ne lui faisait pas confiance. MAis d'un autre côté, ne faisait-elle pas la même chose de son côté. Quoiqu'il en soit, elle n'aimait pas qu'il y ait des secrets entre elles. Si on ne pouvait faire confiance à ses bons amis, à qui pouvait-on se fier? Le sujet était de toute manière tabou. Il valait mieux en finir là. Ginny allait prendre la parole pour changer de discussion lorsque des bruits de foule se firent entendre. Jetant un coup d'oeil sur le terrain, elle vit l'équipe de Quiddich de Serdaigle arriver. Tiens, il devait y avoir entrainement. Bien qu'il ne soit pas interdit d'être là, Ginny préferait partir. Ce n'était pas loyal "d'espionner" l'équipe adverse. Se levant, elle se tourna vers Hermione:

" On ferait mieux de rentrer. Ils vont avoir besoin de concentration et de...solitude."

Déjà, elle descendait les escaliers pour quitter le Terrain. Il fallait à présent qu'elle rentre et qu'elle se mette au travail. Il lui restait deux devoirs à faire pour la semaine prochaine. Elle préferait les finir d'avance. De plus, à présent qu'elle faisait partis de la Gazette de Poudlard, elle avait en plus des articles à rédiger régulièrement. Quelle idée avait-elle eu de s'y inscrire en sachant qu'elle avait ses examens de BUSE dans l'année? Peut-être par goût du défis! Elle marqua une pause pour être sure qu'Hermione la suivait. Et ensemble, elles traversèrent le parc en direction du Chateau. L'heure était avancé et le temps passait plus vite que prévu.

[ HJ: Je pense qu'il faudrait finir ce sujet. A la limite, on pourrait en commencer un autre pour aborder les nouveaux sujets tels que le Bal et la Gazette ]

[Oui! Surtout que mes réponses devenaient de plus en plus courtes. ok pour le nouveau sujet.]


Hermione savait parfaitement ce que devait penser Ginny à cet instant, et elle s'en voulu de ne rien dire. Elle se doutait que Ginny devait être un peu vexée du fait qu'Hermione ne veuille pas se confier à elle, et elle savait aussi qu'elle aurait ressenti la même chose. Le problème c'était qu'elle n'était même pas sure d'elle. Elle ne voulait pas dire à Ginny des choses qui n'étaient peut-être pas vraies, et elle ne voulait pas non plus parler de ça car cela serait revenu à se l'avouer. Dans tous les cas, Ginny ne se confiait pas non plus. Elle ne lui avait pas beaucoup parlé d'Harry, ni de cet inconnu. Hermione ne voyait pas pourquoi elle aurait dû s'étendre sur sa vie privée, si elle ne le faisait pas.

Elle garda le silence, et attendit que Ginny ne relance la conversation. Elle connaissait assez bien Ginny pour savoir qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur. Mais déjà des Serdaigles arrivaient, et Ginny proposait de les laisser s'entraîner en paix. Elle se leva donc, suivit son amie, et descendit les nombreuses marches qu'elles avaient gravi auparavant. Finalement, cette après-midi entre filles était passée aussi rapidement qu'une étoile filante. Hermione n'en revenait pas. Et elle avait l'impression que tous les sujets qu'elles avaient abordés c'étaient terminé par un long silence gêné.