Raviver la Flamme [Angelina]

**Serpentard | Préfet**

Une dizaine de pas pressés, au moins cinq regards en arrière, et enfin, un simple geste du bras pour accueillir sa chouette. Cette dernière s'envola du perchoir où elle était royalement installée pour venir se poser, gracieusement, sur le poignet de son maître. Steven s'avança vers la fenêtre, reposa ses bras sur le muret et caressa distraitement l'animal. Un vent doux s'engouffrait dans la volière, tandis que le soleil s'éveilla, étirant ses rayons de part et d'autre dans le ciel.

Novembre. Aplatissant les magnifique plumes blanches, il observa Erwin dans les yeux. Eux deux n'avaient jamais besoin de se parler: un bref regard et ils se comprenaient. Comme les maillons d'une chaîne, l'un avait toujours besoin de sentir l'autre à ses côtés. Pourtant, le garçon avait affaire à une chouette et non à un être humain, mais les choses sont parfois si étonnante. Le jeune homme réfléchissait, paresseusement, sur un sujet peu préoccupant. Car d'habitude, les problèmes qu'il avait en tête étaient bien compliqués, mais là, il se permettait de se laisser aller. Dans peu de jours, il allait avoir 18 ans. Dans un sens, c'était plutôt génial de savoir qu'on allait recevoir des cadeaux, mais d'un autre côté, gagner un an de plus est bien déprimant.
Dix-huit ans, c'est pas vieux pourtant. Sa tante allait surement lui demander ce qu'il désirait. Un balai? Il en avait déjà reçu un l'année dernière: un magnifique Éclair de feu, toujours le dernier modèle, en tête des ventes. Aucun balai n'atteignait sa performance. Le Serpentard avait seulement besoin de quelques vêtements pour sortir mais ce n'était pas la peine de le demander, il allait en recevoir obligatoirement, avec une montagne de bonbons, comme toujours. Il avait tout ce qu'il souhaitait sans prendre la peine de claquer des doigts. Était-ce une compensation du fait qu'il n'avait plus de parents? Malheureusement, l'unique chose qu'il ne possédait pas, c'était une petite amie, sérieuse. Oui, sérieuse, car des petites copines, il en avait des tas, mais il en changeait comme on change de chemises. Le blondinet avait besoin de se poser un peu: les coups d'un soir, ça allait cinq minutes.

Ayant bien lambiné, il se releva un peu pour permettre à sa main libre de prendre une enveloppe caché dans sa poche. Il la fixa un instant, se remémorant ce qu'il y avait écrit.

« Mon cher oncle, ma chère tante et mes chers cousins et cousines,
Je vous écrit pour vous faire part, comme je l'avais promis à ma tante, des nouvelles de Poudlard et des miennes en passant. Comme d'habitude, le château est vide, malgré les nombreux élèves qui y séjournent. Le moindre de nos gestes est surveillé et tout le monde est sur le qui-vive. Cela en devient lassant mais pourtant, je me sens toujours bien ici – pas que votre demeure me déplaise, bien au contraire. Sinon, je suis en parfaite forme comme vous vous en doutiez peut être.
Mes sincères salutations,

Steven Buclet »

Le garçon attacha sa lettre à la patte de sa chouette avant d'échanger avec elle un regard profond. Il la regarda s'envoler, déployant ses magnifiques ailes d'un blanc pur comme la neige. Il soupira.
Déjà tant de temps sans ses parents, il avait l'impression qu'ils étaient morts que depuis hier. La blessure était si profonde. Le Serpentard n'aimait personne. En effet, il avait qu'un simple respect pour sa famille, un peu d'attention pour ses amis et la liste des bons sentiments était déjà achevée. Celle des mauvais sentiments était si longue, qu'il ne vaudrait mieux pas qu'elle vous soit dévoilée, cher(e) lecteur (lectrice).
Peut-être que quelqu'un pourrait ranimer la flamme que le garçon avait enterré tellement profondément...

***Serpentard*** *- 7ème année*

Angelina marchait d'un pas pressé, il fallait qu'elle se dépêche, elle avait du courrier à poster. Ses parents attendaient de ses nouvelles avec impatience, et elle ne voulait pas les inquiéter, et risquer de recevoir une Beuglante. Elle était vêtue, une fois n'est pas coutume, de vêtements coûteux : une robe de soie verte au décolleté plongeant, des bottes montantes, vernies, et arborait un pendentif en émeraude, qui prenait la forme d'un ... serpent. Elle cliquetait de partout, et de nombreux garçons au regard intéressé se retournaient sur son passage. Elle n'y prit pas attention. Elle avait bien une robe de sorcier, mais elle était dans son sac et elle se moquait bien de se que diraient les professeurs qu'elle pouvait croiser à tout moment.

Un jeune homme plus courageux que les autres s'avança vers elle, dans l'intention, visiblement, de l'aborder. Il la percuta de plein fouet : elle n'avait pas pris la peine de l'éviter, pensant qu'il n'aurait pas la prétention de se croire suffisamment important pour la retarder.
Son sac tomba, ses affaires roulèrent au sol et s'éparpillèrent autour de sa personne. Folle de rage, elle lui lança un regard assassin et un sec :
«Ramasse !»

Il s'empressa de lui obéir, craignant de l'énerver davantage. Il fourra précipitamment tous ses effets dans sa sacoche et la lui tendit. Elle la saisit d'un geste vif, et repartit, l'ignorant royalement.

Elle monta quatre à quatre les marches de la volière et se retrouva face à un jeune homme qu'elle n'avait encore jamais vu. Après un rapide examen, elle le jugea digne de son attention et lui adressa un signe de tête.

Alors qu'elle cherchait des yeux sa chouette, Shadow, elle sentit qu'on la détaillait et se retourna d'un mouvement gracieux. Que lui voulait-il donc, celui-là !

**Serpentard | Préfet**

Sa chouette maintenant invisible à l'œil nu, Steven se redressa en regardant une dernière fois le paysage. C'est à cause de la vue qu'il y avait ici qu'il venait souvent dans la volière. Mais ce n'était pas son seul lieu de prédilection, la tour d'astronomie aussi avait une vue tout à fait splendide.

Le garçon se releva du muret et se retourna vers la sortie. Il venait de passer assez de temps à flaner, maintenant il se devait de remplir ses fonctions de préfet, mais aussi celles d'élève. Surtout que, faire croire qu'il appartenait au groupe des élèves travailleurs et assidus, n'était pas une mince affaire. Encore un devoir d'astronomie à faire et un de botanique à terminer. Il avait laissé les matières qu'il détestait le plus en dernières pour pas se prendre la tête, mais aussi pour ne pas s'énerver dessus. Tellement de parchemins roulés en boule et jetés dans la cheminée qu'il fallait qu'il en commande à nouveau à la librairie.

Il s'avança donc vers la sortie avant qu'une personne apparaisse. Il ne la connaissait pas, mais, à en croire ses manières, ses regards et son attitude, il aurait du la connaître. Une Serpentard à coup sur. Oui, une, car c'était une magnifique jeune femme qu'il avait devant ses yeux. Elle lui fit un signe de tête auquel il répondit avec un fin rictus. Le blondinet l'observa s'avancer et chercher son animal du regard jusqu'à ce qu'elle se retourne encore vers lui. C'est vrai qu'il n'aurait pas dû la fixer et la détailler mais une belle fille comme ça, on en croise pas tout le temps. Enfin.. Poudlard regorge de jolie fille mais pas toute aux goûts de Steven. Il faut avouer que ce dernier avait des goûts bien particulier et la jeune femme qui était devant lui faisait partie de ses préférences.

- Si tu cherches ta chouette, je pense pas que tu la trouvera à ma place, se moqua Steven, un sourire légèrement moqueur.

De sa démarche la plus droite et la plus classe, il s'approcha de la demoiselle puis mit les mains dans ses poches, un sourcil haussé. Le garçon lui proposa ensuite, comme si c'était une évidence, avec un ton beaucoup plus bas, presque inaudible :

- Appelle-la.

***Serpentard*** *- 7ème année*

«Si tu cherches ta chouette, je pense pas que tu la trouveras à ma place. Appelle-là.»
C'est ça, fiche-toi de moi, je ne te dirai rien !
Évidemment, qu'elle allait l'appeler !
Mais pour qui se prenait-il donc !
Cela dit, il était mignon, très mignon même ...

Choisissant de l'ignorer résolument, elle siffla doucement et sa 'factrice' vint, tout aussi doucement, se poser sur son épaule.
«Bonjour ma jolie !»

Elle lui glissa l'enveloppe dans la patte droite, l'attacha à l'aide d'une ficelle et la conduisit vers la fenêtre la plus proche. Elle la laissa prendre son élan et s'envoler en contre-bas. Shadow disparut rapidement dans le jour naissant et Angelina se tourna vers son 'compagnon'.
«Tu es ... ?»

A bien y réfléchir, il était possible qu'elle l'est déjà croisé, il lui sembla être de Serpentard. Aucun indice ne lui permettait de l'affirmer, mais son intuition féminine le lui suggérait. Aucun indice, à part, elle venait de le remarquer, l'insigne de préfet verte qui brillait sur le torse du jeune homme.

Il était plutôt grand, elle lui donnait 17 ou 18 ans. Majeur, autrement dit. Blond, aux yeux bleus. Une chaîne en argent autour du cou. Et plutôt musclé. Exactement le genre d'homme dont elle appréciait la compagnie. D'ailleurs, sa seule appartenance à Serpentard prouvait sa valeur. Il respirait la distinction, un Sang-Pur, à coup sûr.

**Serpentard | Préfet**

Pour qui se prenait-t-il donc ? Mais pour le beau et extraordinaire préfet de Serpentard. Un vrai petit prince quoi.. Enfin, un prince orgueilleux et prétentieux, mais chacun ses défauts.
Il la fixa toujours, son regard bleuté et animé par une lueur de... désir. Mais pas un désir pervers, loin de là. La beauté de la jeune femme qu'il avait devant lui était exceptionnelle et rarissime, une magnifique blonde, aux yeux bleus perçants. Elle avait l'air d'un ange malgré un caractère probablement énergique et sulfureux, comme ses lèvres. Des lèvres rosées, surement aussi douce que sa peau pâle. Il avait une envie presque irrésistible de la toucher mais sa dignité l'en empêchait.

Steven l'observa donc accrocher sa lettre à la patte de sa chouette avant de l'aider à s'envoler, puis elle se tourna vers lui pour lui poser une question, à laquelle il répondit sereinement:

- Steven Buclet, pour te servir ma chère... Et toi, quel est le prénom que je pourrais mettre sur ce magnifique visage?

Que de compliments... Il en fallait pour attirer la belle et peut être, aboutir à une relation avec elle. Cette blonde était trop jolie pour qu'il l'a laisse partir...
Pour ne pas que la conversation se finisse trop tôt, le jeune homme décida d'engager n'importe quel sujet qui lui vint à l'esprit :

- Elle était pour qui la lettre qui tu viens d'envoyer?

Rhooo, il aurait pas dû dire ça... Ce genre de question prouve trop la curiosité, maitresse du caractère du garçon. Il n'était pas à Serpentard pour rien, d'accord, mais il faut toujours cacher ses défauts et qualités, et là il ne respectait pas la règle. Le préfet se mordit légèrement la lèvre et attendit avec patience.

***Serpentard*** *- 7ème année*

"Steven Buclet, pour te servir ma chère... Et toi, quel est le prénom que je pourrais mettre sur ce magnifique visage?"
Silence, puis :
"Elle était pour qui la lettre qui tu viens d'envoyer?"

Il voulait se donner l'apparence d'un gentleman ? Très bien. Elle entrerait donc dans le jeu, et prendrait volontiers le rôle de lady qui lui revenait. Et son indiscrétion lui coûterait cher, qu'il soit attirant, ou non !

"Tu pourrais y mettre le tout aussi magnifique prénom d'Angelina, et le nom de Brawhell. Quant aux destinataires de cette lettre, ils n'ont aucun compte à te rendre, à ce qu'il me semble."

Son ton hautain était suffisamment clair pour que le plus idiot de ces garçons puisse comprendre la distance qu'elle voulait mettre entre lui et elle. A moins qu'il ne soit encore plus idiot que lesdits garçons ... ? Non, impossible !

Quoiqu'il en soit, cette idée de jouer un personnage plaisait beaucoup à Angie. Cela dit, pourrait-on vraiment parler de personnage ? Après tout, elle était ce personnage. Après tout, n'est-elle pas la digne descendante de Rosa Brawhell, sa mère, issue d'une des familles les plus reconnues, de Londres et d'ailleurs ? Après tout, elle mérite bien son titre de lady, non ?

Elle tenta d'en deviner un peu plus sur son interlocuteur. A sa façon de se comporter, de s'exprimer, elle pensait qu'il était un héritier, plus ou moins riche. Probablement un Sang-Pur, étant donné la façon dont il l'avait détaillée à son arrivée dans la pièce, pour la juger digne ou non de son attention, à ce qu'elle supposait. Comme elle l'avait fait elle-même. Il était loin d'être laid, mais sa curiosité frisait l'indélicatesse. Pas vraiment le genre d'homme qui avait du tact et connaissait parfaitement le langage du sous-entendu. Ce qui était bien dommage, car elle était maîtresse dans ce domaine. L'implicite, voilà qui lui plaisait, qui était méritoire, qui convenait tout à fait à ses origines. Une bonne façon d'exprimer tout le mépris qu'elle pouvait ressentir envers les simples gens qui ne pouvaient percevoir le bien-être que l'on pouvait éprouver à dominer l'autre, le besoin que l'on pouvait ressentir de conquérir, de vaincre, de contrôler.

Car Angelina n'était pas mauvaise, elle était simplement attirée par le pouvoir, elle aimait séduire, de quelque façon que ce soit. Et elle connaissait la force de l'argent, de l'amour. Voilà pourquoi elle ne s'engagerait jamais dans les rangs du Seigneur des Ténèbres : elle voulait assujettir, et non être assujettie. Elle voulait être reine, la reine du monde. Non pas être à la tête du Ministère de la Magie, c'était bien trop ennuyeux, et puis, il fallait s'occuper de la population magique, s'assurer qu'ils allaient bien ... Non, elle voulait devenir l'égale féminine de Lord Voldemort. Fascinée comme elle l'était par la magie noire, sombre, pensez-vous, elle n'en voulait pas moins. Ce n'était même plus de l'ambition, comment voulez-vous poser un nom sur ce comportement ! L'idée même de vouloir égaliser le Seigneur des Ténèbres semblait déjà bien saugrenue ...

Mais en réalité, elle devait bien admettre ne rien savoir sur 'Steven'. Et s'il s'attendait à des questions de sa part, il se mettait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude !

«Et la tienne, est-ce que je te demande pour qui elle était !»

Oups. Trop tard ...

**Serpentard | Préfet**

[HJ: 6 mois plus tard, et la réponse vint, avec difficulté faut préciser. XD Désolé de l'énorme retard impardonnable, et je croise les doigts pour que cela te plaise Razz

]

Angelina Brawhell… Rien que le nom sonnait sous la pureté du sang. Mais même s’il était pur, Steven ne se rappelait pas l’avoir déjà entendu quelque part. En effet, les familles riches de Sang-Pur étant tellement peu nombreuses, le garçon aurait surement dû reconnaitre ce nom. Mais ce n’était pas si grave, sa tante connaissait à coup sûr la plupart de ces familles. La suite de cette histoire dans le prochain hibou.

Le blondinet continua d’observer sa « proie ». Depuis le début de la conversation, il ne l’avait pas ou peu lâché des yeux, surtout lorsqu’elle lui avait répondu. Elle avait utilisé le même ton qu’il employait envers « les autres ». Le groupe « les autres » suggère les insignifiantes personnes présentent en ce bas monde c'est-à-dire : tout le monde. Bon, j’exagère, ce n’est pas tout le monde mais juste la terre entière moins une dizaine voire une vingtaine de personne. Angelina essayait-elle de le tester et de voir de quoi était-il capable ? Ou peut-être jugeait-elle trop vite en le classant dans la mauvaise catégorie ? Il n’avait pas d’avis défini et c’est pourquoi il hésitait entre répondre méchamment et répondre très méchamment. Vous vous demandez peut-être quelle est la différence, mais elle est importante aux yeux des Serpentards, surtout quand on ne veut pas se faire insulter de « guimauve ». Car un Serpentard qui ne sait pas répondre et tenir une conversation est considéré comme une « guimauve ».

- C’est exact, mais je me suis octroyé le droit de te tester. Tout le monde ne mérites pas sa place à Serpentard, vois-tu ? Mais je ne vais pas m’éterniser sur le sujet. Je suppose que tu as un cerveau normalement constitué pour comprendre au moins le minimum de ce que je dis.

Un sourire en coin lui montrant que si elle voulait continuer les pics, il ne se laisserait pas faire, même si ce jeu l’ennuyait. Réplique cassante malgré la politesse employée. Il n’avait pas réellement eu envie de répondre de manière si tranchante, mais sa dignité et son orgueil lui intimaient de ne pas se rabaisser. L’héritier Buclet ne devait en aucun cas se plier simplement parce que cette fille était jolie et qu’elle lui plaisait. L’apparence prime sur les sentiments.

«Et la tienne, est-ce que je te demande pour qui elle était !»
Quel tempérament de feu ! Avec ça, elle aurait dû se retrouver à Gryffondor [HJ : =X Haaan l’insulte ! XD].
Steven se moqua intérieurement, son rictus toujours affiché sur son beau visage. Mais les Bouffondors sont plutôt des lèches-bottes, surtout pour se faire des amis, et ils ne remettent en place que dans des cas extrêmes.

- Si tu aimes te faire rembarrer, tu peux toujours demander.

Petit rire discret avant que son regard change de cible, et ne se place sur la vue qu’on pouvait avoir par la fenêtre de la volière. Ce paysage ensoleillé lui donnait une envie subite d’aller se dégourdir avec son balai.